Volé-Trouvé


Volé-Trouvé




Le père Joseph était garde-chasse.
Un jour qu’il travaillait dans la forêt, il entendit les cris d’un tout petit enfant.
C’était un garçonnet, qu’un oiseau de proie avait volé à sa mère et avait déposé au sommet d’un grand arbre.
Le père Joseph recueillit l’enfant perdu et décida de l’élever avec sa propre fille, la petite Linette. Il le nomma Volé-Trouvé.
Linette et Volé-Trouvé s’aimaient tendrement. On ne les voyait jamais l’un sans l’autre.
Le père Joseph était veuf. C’était Mamé Suzanne, une vieille cuisinière, qui tenait le ménage et il y avait aussi dans cette maison, Dudule, un valet, pour faire les gros travaux.
Un soir de clair de lune, Linette aperçoit Mamé Suzanne qui va et vient du puits à la cuisine en transportant des seaux d’eau. Elle remplit un chaudron énorme, sorti on ne sait d’où et que Linette n’a jamais vu auparavant.
- Qu’est-ce que tu vas faire cuire dans cet énorme chaudron, Mamé Suzanne?
- C’est un secret! Mais si tu promets de ne rien raconter à personne, je te le dirai!
Linette promet. Alors Mamé Suzanne lui explique que le lendemain matin, après le départ du père Joseph pour la forêt, elle viendra prendre Volé-Trouvé dans son lit et le mettra à cuire dans l’eau bouillante du chaudron.
Le lendemain à l’aube, la porte claque: c’est le père Joseph qui part travailler dans la forêt. Les enfants sont encore au lit. Linette réveille Volé-Trouvé et lui dit:
- Si tu ne me quittes pas, je ne te quitte pas non plus.
Il répond:
- Ni maintenant, ni jamais!
Alors elle lui dit:
- Mamé Suzanne se prépare à te faire cuire dans un énorme chaudron. Mais cela n’arrivera pas tant que nous resterons ensemble. Habillons-nous vite et sauvons-nous par la fenêtre.
L’eau bout dans le chaudron. Mamé Suzanne entre dans la chambre. Les enfants se sont sauvés! Pardieu que va dire le père Joseph! Elle appelle Dudule, le valet:
- Les enfants se sont enfuis. Ils ne doivent pas être loin. Avec tes grandes jambes, dépêche-toi de les rattraper et ramène-les en vitesse!
Dudule part au pas de course.
Les enfants, qui se reposent dans une clairière, l’aperçoivent de loin.
- Si tu ne me quittes pas, je ne te quitte pas non plus!
- Ni maintenant, ni jamais!
- Transforme-toi en églantier, je serai ton églantine!
Dudule, ne trouve pas la moindre trace des enfants. Il rentre à la maison.
- Je n’ai rien vu, Mamé Suzanne, rien qu’un églantier avec son églantine!
- Imbécile, il fallait briser l’églantier et me rapporter l’églantine. Retournes-y et fais ce que je viens de te dire!
Dudule repart dans les bois. Les enfants l’aperçoivent de loin.
- Si tu ne me quittes pas, je ne te quitte pas non plus!
- Ni maintenant, ni jamais!
- Transforme-toi en chapelle, j’en serai la petite statue!
Une nouvelle fois Dudule ne voit rien, ne comprend rien. Il revient à la maison.
- Je n’ai rien vu Mamé Suzanne qu’une chapelle avec sa petite statue!
- Il fallait briser la chapelle et me rapporter la petite statue! Tu es vraiment trop bête, je vais y aller moi-même!
Elle part en courant sur ses vieilles jambes. Les enfants la voient arriver de loin, toute rouge de sueur.
- Si tu ne me quittes pas, je ne te quitte pas non plus!
- Ni maintenant, ni jamais!
- Transforme-toi en étang, je serai la petite cane qui nage dessus!
Quand Mamé Suzanne voit l’étang, elle se met à quatre pattes et entreprend de le boire pour le mettre à sec. Mais la petite cane s’approche vivement. Avec son bec, elle attrape la vieille par les cheveux et la fait basculer dans l’eau.
C’est ainsi que Mamé Suzanne, la redoutable sorcière, se noya.
Linette et Volé-Trouvé, la main dans la main, rentrèrent à la maison le cœur joyeux.
Et s’ils ne sont pas morts, ils y sont encore.
Classification AaTh: 313a (The Girl as Helper




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